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- Nouveaux médicaments dans le traitement de l’hépatite C
- Quels sont ces nouveaux médicaments, comment fonctionnent-ils, quels progrès apportent-ils?
- À quoi ressemblera un traitement avec cette nouvelle génération de médicament ?
- Quels sont les côtés difficiles ?
- Le foie : Une véritable usine
- Effets de l’hépatite C sur le foie
- Phases de l’infection
- Les facteurs de risque
- Test de dépistage
Nouveaux médicaments dans le traitement de l’hépatite C: un pas de géant
Après avoir été bien patients, « patients » dans tous les sens du terme, nous passons enfin de l’âge de pierre aux temps modernes en matière de traitement d’hépatite C, car deux nouveaux médicaments sont arrivés sur le marché. En effet, depuis 2012, la RAMQ rembourse la trithérapie composée d’interféron péguylé, de ribavirine et soit de bocéprévir (Victrélis), soit de télaprévir (Incivek) pour les personnes porteuses d’hépatite C chronique ayant un génotype 1 et n’ayant jamais subi aucun traitement auparavant ou qui avaient commencé à répondre au traitement, mais pour qui le virus était revenu. Rappelons que le virus de l’hépatite C de génotype 1, est le génotype le plus difficile à traiter avec le traitement standard (c’est-à-dire avec l’interféron péguylé et ribavirine). Ce génotype n’est pas le plus grave ni le plus dangereux, mais il est tout simplement le plus résistant au traitement. Seuls 48 % des patients ayant un génotype 1 qui étaient traités avec le traitement standard, obtenaient une guérison.
Quels sont ces nouveaux médicaments, comment fonctionnent-ils, quels progrès apportent-ils?
Incivek et Victrélis sont des inhibiteurs de protéase (I.P.), ce qui signifie qu’ils travaillent dans la cellule infectée par le VHC (virus de l’hépatite C) en s’attaquant directement au virus. Les personnes co-infectées avec le VIH et le VHC connaissent cette classe de médicament nommée « IP » (Inhibiteurs de Protéase). Toutefois, il faut préciser que ce sont des IP différents de ceux qui sont prescrits pour le VIH.
Les IP pour l’hépatite C ont pour rôle de diminuer la réplication du virus dans la cellule et ils sont surtout éliminés par voie intestinale. Ils viennent se rajouter au cocktail « interféron péguylé et ribavirine » constituant le traitement standard qui lui, renforce le système immunitaire pour susciter une réponse. Ils ne peuvent être prescrits seuls, ils doivent être pris avec l’interféron- Pégétron ou interféron-Pégasys. C’est d’ailleurs pour ca qu’on parle de trithérapie (association de 3 médicaments). Ces médicaments sont sous forme de comprimés à prendre 3 fois par jour, aux huit heures, avec une collation.
C’est le médecin traitant qui choisira lequel, de l’Incivek ou du Victrélis vous conviendra le mieux et quel interféron (Pégagys ou Pegetron) il va lui associer. Grâce à l’ajout de l’une ou l’autre de ces molécules, les patients vont voir leur espérance de guérison pratiquement doubler! Les pourcentages de réussite vont de 72 % à 9 % selon la vitesse de réponse du patient et selon qu’il ait déjà été traité ou non. Les patients avec une cirrhose peuvent obtenir autour de 42 % de succès.
Donc, de meilleurs taux de réussite et une durée de traitement plus courte dans la majorité des cas, (cela varie selon la réponse de la personne), on parle ici de 24, 28, 36 ou 48 semaines.
À quoi ressemblera un traitement avec cette nouvelle génération de médicament?
Selon le médicament choisi, la méthode sera différente : Avec Incivek, 12 semaines de trithérapie, puis le reste en traitement standard de 12 ou 36 semaines supplémentaires, selon la rapidité d’efficacité du traitement sur l’éradication du virus dans le sang. Pour l’autre médicament, Victrélis, 4 semaines de traitement standard, puis 24, 32 ou 44 semaines de trithérapie, toujours selon la réponse virologique du patient. Autrement dit un traitement adapté à chacun, pour gagner le combat contre l’hépatite C.
Quels sont les côtés difficiles?
Prendre un médicament additionnel va inévitablement de pair avec des effets indésirables supplémentaires!
Donc : plus d’anémie, plus de nausées, d’éruptions cutanées, de diarrhées, de goût de fer dans la bouche, etc. Toutefois, ces effets secondaires peuvent la plupart du temps être soulagés et devront être endurés moins longtemps, car le traitement est plus court. Il faudra respecter plus scrupuleusement les heures de prises des comprimés autrement le virus pourrait devenir résistant, toujours prendre les comprimés avec une collation et rajouter un corps gras pour ceux qui prendront l’Incivek.
Cela fait tellement longtemps que nous attendions un traitement plus efficace, c’est-à-dire quelque chose à proposer à tous ceux qui ont déjà subi sans succès 1, 2 et quelque fois même, 3 traitements dans les dernières années et qui n’avaient plus l’espoir de guérir.
La science a fait un pas de géant en matière de traitement d’hépatite C chronique, et elle en fera beaucoup d’autres dans les années à venir.
Coté recherche, des études sont en cours et déjà très avancées, concernant des vaccins thérapeutiques, qui peuvent faire baisser la charge virale et ainsi donner plus de chances de réussite au traitement. Des traitements sans interféron sont aussi à l’essai. Dans les prochaines années de nombreuses options de traitement seront disponibles, plus efficaces, avec moins d’effets secondaires et plus courtes.
Dans un avenir un peu plus lointain, on reparlerait même de l’éventualité d’un vaccin préventif. Finira-t-on par éradiquer cette maladie? Souhaitons-le aux générations futures.
Le foie : Une véritable usine
Effets de l’hépatite C sur le foie
Le virus va attaquer lentement mais surement le foie, en créant 3 types de lésions qui vont l’endommager et l’empêcher de travailler normalement. Avec les années, ce gros organe qui a commence par gonfler en réaction à l’infection, va rapetisser, devenir plus dur, bosselé, va perdre sa souplesse, et surtout mettra l’usine de transformation en incapacité de continuer ses services. C’est la cirrhose, et/ou le cancer du foie.
Au premier stade de l’infection, certaines personnes vont faire une jaunisse, la plupart n’auront aucun symptôme et cela passera complètement inaperçu ! Durant les six premiers mois de l’infection, appelée phase aigüe, 15 a 20 % des personnes mono infectées vont se débarrasser par elles mêmes du virus. Seulement 5 à 10 % des personnes co-infectées par les deux virus s’en débarrasseront.
Après six mois de présence dans l’organisme, c’est la phase chronique. À ce stade seul un traitement peut combattre le virus. ATTENTION, si vous êtes considérés comme étant guéris de ne pas vous infecter de nouveau car il n’y a pas d’immunisation à long terme. Que vous vous soyez débarrassé spontanément du virus ou que vous ayez été guéri par un traitement, vous pouvez être infecté de nouveau, par des conduites à risque.
Dès qu’il pénètre dans le courant sanguin il se fixe sur les cellules du foie et commence à se reproduire a l’infini pour infecter d’autres cellules saines du foie et ainsi de suite…Il va causer des lésions ou cicatrices sur le foie, l’empêchant de fonctionner normalement. Les dommages au foie peuvent engendrer une cirrhose, voir un cancer du foie.
L’hépatite C est la première cause de transplantation du foie au Canada !
Le VHC est en mutation constante, ce qui lui permet de déjouer le système immunitaire du corps humain. Il est difficile à reproduire en laboratoire, c’est pourquoi, Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin contre le VHC.
L’hépatite C est une maladie silencieuse à évolution lente, qui passe souvent inaperçue, du au fait qu’il n’y a pas ou peu de symptômes durant les premières années. Le VHC provoque des changements mineurs au niveau du cerveau qui expliquent des changements épisodiques au niveau du caractère (sautes d’humeur, irritabilité, colère soudaine)
Le VHC est classe en 6 grandes catégories principales, appelées génotypes. Il n’y a pas de génotype plus grave qu’un autre ! La différence est que selon la souche contractée, la réponse au traitement et la longueur du traitement seront différents.
L’objectif d’un traitement anti-VHC est d’obtenir une réponse virale soutenue (RVS) 6 mois après l’arrêt du traitement. C’est-a-dire que la charge virale du VHC (quantité de virus circulant dans votre sang) soit toujours indétectable 6 mois après la prise du traitement. Dans les cas de patients ayant déjà une cirrhose avancée, on va chercher à ralentir la progression de celle-ci par un traitement anti-VHC, si l’état du malade le permet. La majorité des patients sont traités en phase chronique, c’est- a -dire infectes depuis plus de 6 mois. L’efficacité d’un traitement standard en phase chronique est de 88 % à 77 % les génotypes 2 et 3, contre 48 % pour les génotypes 1 et 4.
- Vous avez un risque d’avoir été contaminé par le VHC. Il est important de vous faire dépister :
- Si vous avez reçu des produits sanguins (plasma, plaquettes, etc.) ou une transfusion sanguine avant 1990
- Si vous avez partage du matériel d’injection de drogues, même une seule fois ou des accessoires tels que filtres, cuillères, pipes, bills, etc.
- Si vous avez partagé du matériel d’injection d’hormones. Si vous vous êtes piqués accidentellement avec une aiguille usagée
- Si vous avez partage du matériel de toilette (brosses à dents, rasoir, soie dentaire, lime a ongles)
- Si vous vous êtes faits tatouer ou percer sans vous assurer que le matériel utilisé était stérile ou à usage unique (encre, aiguille)
- Si vous avez eu des relations sexuelles non protégées avec présence de sang (menstruations, lésions anales ou vaginales, herpes, etc.)
Vous avez un risque d’avoir été contaminé par le VHC, il est important de vous faire dépister.
Des tests rapides, avec une réponse en quelques minutes sont déjà utilisés dans plusieurs pays, nous attendons qu’ils soient disponibles au Canada!