Prévalence élevée de l’infection par le VHC pour les femmes enceintes toxicomanes

Il s’agit ici, d’un article paru dans un journal Français et l’étude citée est une étude américaine.
Il est à noter qu’au Québec il n’y a pas de dépistage systématique du virus de l’hépatite C chez les femmes enceintes, ni même recommandé.
Il appartient au jugement du médecin traitant d’une femme enceinte toxicomane de demander ce test. Faudra-t-il faire de la pression pour que les prochaines lignes directrices recommandent le test?
LM pour Capahc 09/01/2018

Publié le 09/01/2019 JIM

Le dépistage de l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) chez les femmes enceintes est particulièrement indiqué en cas de toxicomanie (ou opioid use disorder c’est à dire trouble de l’usage d’ opiacés du DSM 5). Le traitement n’est pas recommandé pendant la grossesse et il n’existe pas de méthode prouvée pour prévenir la transmission périnatale. Néanmoins, ce dépistage est très important pour préciser le stade de l’infection de la mère, mettre en œuvre éventuellement un traitement après l’accouchement et exercer une surveillance de l’enfant. Le risque de transmission à l’enfant est de l’ordre de 5 %, plus important en cas d’infection concomitante par le VIH.

Une étude rétrospective a été réalisée à Boston dans le cadre d’une clinique obstétricale de prise en charge des femmes toxicomanes. Les observations de 879 femmes sur 10 ans ont été rassemblées. La consommation de substances illicites a été précisée pendant le 3ème trimestre de la grossesse, appuyée par la toxicologie urinaire et la prescription de produits de substitution. Au total, 744 femmes (85 %) ont bénéficié d’un test de dépistage du VHC ; 510 (68 %) étaient séropositives dont 369 (72 %) ont eu une recherche de l’ARN viral qui a été positive chez 261 d’entre elles (71 %). En extrapolant, la prévalence de l’infection chronique par VHC dans cette population était de l’ordre de 30 %.

Le suivi des enfants est imparfait

Parmi les 404 nourrissons nés de mères VHC positives, 273 (68 %) ont été testés au moins une fois jusqu’à 18 mois mais seulement 180 (45 %) ont eu un bilan complet. Parmi ces derniers, 5 transmissions ont été constatées (2,8 %) prises en charge par des spécialistes. Des 163 initialement positifs, 50 (31%) étaient négatifs à 12 mois et aucun n‘était positif au-delà de 14 mois ; ainsi, parmi les nourrissons dont la sérologie est devenue négative, elle l’était dans 99 % des cas à 18 mois. Des 50 nourrissons sans dépistage complet dans le centre, 18 ont eu un bilan ailleurs mais 5 sont restés sans dépistage et 23 perdus de vue. Les mères ayant accouché plus récemment (2014-2015) ont bénéficié d’un meilleur suivi (Odds ratio ajusté aOR 2,5 intervalle de confiance à 95 % IC 1,4-4,7). L’existence d’une co-infection maternelle par VIH a été associée à un pourcentage plus élevé de dépistage de l’infection à VHC chez l’enfant (aOR 9 IC 1,1-72,8) de même qu’un traitement par méthadone en comparaison de la buprénorphine (aOR 1,5 IC 0,9-2,5).

Cette étude révèle une prévalence élevée de l’infection à VHC chez les femmes enceintes toxicomanes avec un suivi des nourrissons imparfait. Il est possible que des observations comparables puissent être faites en France.

Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Epstein RL et coll.: Perinatal transmission of hepatitis C virus: defining the cascade of care. J Pediatr., 2018; 203: 34-40.


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