Le traitement de l’hépatite C dans la vraie vie

Il est nécessaire d’avoir des données d’efficacité dans le monde réel pour éclairer la prise de décision thérapeutique de l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC). L’adoption de la combinaison lédipasvir/sofosbuvir (LDV/SOF) a été rapide dans les différents établissements de soins de santé, mais il existe de nombreuses et fréquentes variations dans la pratique clinique.

Le but de cette étude était d’évaluer la réponse virologique soutenue (RVS) obtenue avec la combinaison LDV/SOF ± ribavirine (RBV) dans la pratique médicale de routine.
La RVS était définie par une PCR du virus C négative pour tous les tests réalisés, incluant au moins un test réalisé plus de 10 semaines après la fin du traitement.

Cette cohorte observationnelle, en intention de traiter était composée de 4 365 patients, anciens combattants, infectés par un virus de génotype 1, naïfs de traitement antérieur et traités par LDV/SOF ± RBV.
Les taux de RVS étaient 91,3 % (3 191/3 495) avec LDV/SOF et de 92,0 % (527/573) avec LDV/SOF + RBV (P = 0,65).

L’origine afro-américaine (Odds Ratio OR 0,70, intervalle de confiance à 95 % IC95 % 0,54-0,90, P = 0,004) et un score de fibrose FIB-4 > 3,25 (OR 0,56, IC95 % 0,43-0,71, P < 0,001) sont apparus être des facteurs prédictifs indépendants d’une plus faible probabilité de guérison. En revanche l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, une maladie hépatique décompensée, le diabète, les sous-types du génotype 1 (1a, 1b), et le type de traitement (± RBV) n’étaient pas des facteurs prédictifs de la RVS.
Dans les analyses limitées aux patients ayant complété 12 semaines de traitement, l’origine afro-américaine n’était plus un facteur prédictif important de RVS mais un score de fibrose FIB-4 > 3,25 (OR 0,35, IC95 % 0,24-0,50, P <0,001) le demeurait.

Résultats proches de ceux des essais cliniques mais moins bons avec des traitements de moins de 12 semaines

Parmi les patients sans cirrhose (définis par un FIB-4 ≤ 3,25) et avec un ARN du VHC à la mise en route du traitement < 6 000 000 UI/ml, les taux de RVS étaient de 93,2 % (1 020/1 094) pour ceux ayant été traités 8 semaines et de 96,6 % (875/906) pour ceux ayant été traités 12 semaines (p = 0,001).

Dans cette cohorte en vie réelle, les taux de RVS obtenus avec la combinaison LDV/SOF ± RBV étaient presque équivalents à ceux rapportés dans les essais cliniques et ont été constamment élevés dans tous les sous-groupes.
Une donnée importante, chez les patients sans cirrhose et avec un ARN du VHC < 6 000 000 UI/mL, les patients traités 8 semaines étaient significativement moins susceptibles d’obtenir une RVSque ceux traités 12 semaines, bien que la différence numérique des taux de RVS soit faible.

Pr Marc Bardou

RÉFÉRENCE

Backus L et coll. : Real-world effectiveness of ledipasvir/sofosbuvir in 4,365 treatment-naive, genotype 1 hepatitis C-infected patients. Hepatology 2016; 64: 405-414


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