Les objectifs d’Aagahi étaient d’augmenter la sensibilisation et le dépistage de l’hépatite C tout en offrant un corridor de soins facilité dans la communauté pakistanaise de Montréal, avec une approche adaptée culturellement et d’un point de vue linguistique.
Au Canada, 44% des personnes vivant avec le VHC ne connaissent pas leur statut et 35% de tous les cas d’hépatite C au Canada seraient chez des personnes immigrantes. Ce projet ciblait la communauté pakistanaise de Montréal. La prévalence du VHC au Québec est de 0,71% mais celle au Pakistan est de 5,6%. Environ 13 000 personnes d’origine pakistanaise vivent au Québec, dont 98% dans la région métropolitaine de Montréal.
Le projet est composé de trois étapes :
- Sensibiliser et améliorer les connaissances sur l’hépatite C ;
- Offrir un dépistage du VHC (OraQuick) ;
- Améliorer le corridor de soins (lien avec l’Hôpital Général Juif).
Pour développer ce projet, nous avons engagé une consultante de la communauté pakistanaise, Syeda Nayab Bukhari. Deux des trois infirmières travaillant sur le projet étaient aussi membres de la communauté pakistanaise, ainsi qu’un des bénévoles. Grâce à la composition de cette équipe, nous avons offert des services en ourdou, anglais et français.
Nous avons créé des partenariats avec des représentants clés de la communauté qui nous ont donné l’opportunité de participer à des activités culturelles. Durant ces événements, nous donnions des informations sur le VHC de façon culturellement adaptée, en identifiant et adressant les lacunes ou préjugés, et en fournissant du matériel et des outils en anglais et en ourdou.
Une recherche scientifique menée par Stéphanie Toigo et supervisée par Dre Christina Greenaway était attachée à ce projet. Ses objectifs étaient d’adresser un enjeu de santé publique clé chez immigrant-e-s et évaluer les connaissances et la prévalence du VHC. L’étude incluait un questionnaire (démographie, facteurs de risques, connaissances et sensibilisation au VHC) et un dépistage rapide.
Nous avons organisé six événements de dépistage durant l’été 2019. Tous ont eu lieu lors d’événements communautaires : le festival de la Journée de l’Indépendance du Pakistan, des événements culturels ou dans des mosquées. À Montréal, les organisations communautaires pakistanaises sont gérées de façon bénévole par des personnes très impliquées dans la communauté. Cela nous a donc pris du temps pour identifier ces leaders, leur présenter le projet et créer des partenariats. Lorsque ce lien fut créé, les opportunités pour organiser des sessions de sensibilisation/dépistage dans le cadre d’Aagahi ont été décuplées. Durant ces événements, 164 personnes ont été dépistées pour les anticorps VHC. Deux d’entre elles étaient positives sur les tests d’anticorps et ont bénéficié du corridor de soins avec l’Hôpital Général Juif pour avoir des prélèvements sanguins. Une de ces deux personnes a eu un résultat positif lors du dépistage pour l’ARN. Cette dernière connaissait déjà son statut et était sur le point de commencer un traitement avec son médecin.
Ce modèle (kiosque d’information dans des événements communautaires avec des tentes pour un dépistage confidentiel) a permis de dépister un grand nombre de personnes. Cependant, pour adresser les questions des gens sur l’hépatite C et pour augmenter les connaissances sur le VHC, il serait préférable d’avoir plus de temps avec chaque personne (ateliers en plus petits groupes ou rencontres individuelles).
La force principale de ce projet était son approche adaptée au niveau de la culture et de la langue, ce qui a permis de réduire les barrières pour échanger avec les gens et créer un lien de confiance. Les personnes ayant participé ont grandement apprécié l’opportunité d’être dépisté pour le VHC, particulièrement avec des services fournis en ourdou par des gens de la même communauté (l’étude a souligné le fait que seulement 65% des personnes incluses avaient un médecin de famille et 13% avaient été dépistées pour le VHC par le passé).
En tant qu’équipe multidisciplinaire, les personnes impliquées en tant que professionnelles ou bénévoles étaient toutes enthousiasmées suite à cette expérience enrichissante et ses apprentissages.
En conclusion, nous voulons souligner 3 points essentiels:
- Nous devons développer une approche adaptée d’un point de vue culturel et linguistique avec les personnes immigrantes et nouvelles arrivantes, qui comprennent un volet de soutien dans la navigation du système de santé ;
- Nous devons augmenter les connaissances sur le VHC auprès des médecins de famille et encourager le dépistage ;
- Les personnes immigrantes à statut précaire doivent aussi avoir accès aux dépistages et aux traitements pour le VHC.
Si vous avez des questions, vous pouvez rejoindre la coordinatrice du projet au marjolaine.coordo@capahc.com