Traduction libre de ce texte original écrit par Jessica Hicks, directrice des programmes de l’Alliance mondiale contre l’hépatite, suite à sa présence à la conférence africaine de l’International network on Hepatitis in substance user (INHSU) ou Réseau international sur les hépatites chez les personnes utilisant des drogues.)
Le thème de la Journée mondiale de la justice sociale 2020 est « Combler les inégalités pour atteindre la justice sociale ». C’est particulièrement pertinent pour moi que je participe à la première Conférence régionale sur les soins en hépatites chez les personnes utilisant des drogues (INHSU Afrique) au Cap cette semaine.
En dépit du fait que les hépatites virales sont la deuxième maladie infectieuse la plus meurtrière dans le monde, il a été difficile de les faire reconnaître comme un problème de santé majeur, encore moins comme une question de justice sociale. Mais il ne fait aucun doute que l’élimination de cette maladie mortelle devrait être reconnue comme une priorité de justice sociale. Les hépatites virales affectent le plus durement certaines des communautés les plus marginalisées et les plus défavorisées du monde : y compris les peuples autochtones, les personnes réfugiées, incarcérées, qui s’injectent ou utilisent des drogues.
Les personnes qui utilisent des drogues, en particulier, font face par rapport à la population générale à des obstacles supplémentaires au diagnostic et aux soins. Elles sont également touchées de manière disproportionnée par l’hépatite C; à l’échelle mondiale, 23% des nouvelles transmissions de l’hépatite C et un décès sur trois de l’hépatite surviennent chez ces personnes.
Les hépatites virales et leur prévalence chez les personnes qui utilisent des drogues sont un problème de santé mondial. Mais, avec environ 14 millions de personnes en Afrique subsaharienne qui s’injecteraient des drogues et seulement cinq pays qui fournissent des programmes de seringues et traitement par agoniste opioïde, il est clair qu’il est nécessaire de se concentrer sur la réponse régionale. Au cours des deux derniers jours à l’INHSU Afrique nous avons appris comment les approches d’application des lois par rapport aux drogues sont dominantes sur le continent, une discrimination généralisée et l’exclusion des personnes qui utilisent des drogues, ont un impact sur leur capacité à accéder à leur droit à la santé. Ceci, en plus de services de prévention limités, dépistage et de traitement, signifie que les gens sont à risque élevé de contracter des hépatites virales et/ou le VIH, et qu’il y a plus de chance de faire face à de la stigmatisation et discrimination qu’à avoir accès à de la prévention et des traitements pouvant sauver des vies.
Un message clair a émergé régulièrement tout au long du programme riche et varié de l’INHSU Afrique : il y a un réel besoin pour des services de réduction des méfaits pour les personnes utilisent des drogues, y compris l’hépatite C et le dépistage du VIH, devraient être conçu par et pour ces personnes. Les droits humains, et en effet la justice sociale doivent être au cœur de la réponse à ces problèmes.
Quelque chose qui s’est particulièrement distingué lors de la conférence au cours des derniers jours est la force de l’engagement communautaire. Reflétant le principe de « rien sur nous sans nous », la voix des personnes et leur expérience n’ont pas seulement été incluses, mais ont été au centre du programme. Ce sont des gens ayant vécu une expérience d’utilisation de drogues et de vivre avec l’hépatite qui ont mené les discussions de l’événement et la conception de ce que pourrait être une meilleure et plus équitable réponse à la réduction des méfaits et la prévention des hépatites virales et du VIH, du dépistage et des traitements.
Bien que l’objectif de l’INHSU Afrique a été d’améliorer la santé des personnes qui utilisent des drogues et la lutte contre les hépatites virales (et co-infection par le VIH) en Afrique, les leçons qui en sont ressorties sont pertinentes pour la lutte contre les hépatites virales à l’échelle mondiale. C’est seulement en atteignant les communautés marginalisées avec des services intégrés, accessibles, respectueux des droits humains et centrés sur la personne que nous pourrons mettre fin aux inégalités lacunes et atteindre une justice sociale pour les personnes vivant avec une hépatite virale.