Transmission mère enfant du VHC : quelle évolution à long terme de l’infection ?

La prévalence de l’infection par le virus C de l’hépatite (VHC) est de 0,5 % à 2 % dans les pays industrialisés. Chez l’enfant, la source majeure de contamination est la transmission verticale mère enfant dont le risque est estimé à 5 %. L’histoire naturelle à long terme des enfants contaminés est relativement peu connue. La possibilité de manifestations auto-immunes, l’existence de traitements efficaces justifient de nouvelles études.

pregnant-womanDes pédiatres de Turin ont suivi prospectivement les enfants nés de mères VHC+ au moins 18 mois et au-delà pour ceux qui étaient infectés. Le diagnostic en a été posé sur la détection de l’ARN du VHC et la persistance d’anticorps après 18 mois. Les enfants de mère VIH+ ou VHB+ n’ont pas été retenus.

Entre 1989 et 2010, 45 enfants (20 garçons, 25 filles) nés de mères VHC+ ont été prospectivement suivis jusqu’à l’âge médian de 12 ans (différence interquartile 6,9-15,5 ans). Le VHC était du génotype 1 dans 24 cas sur 42 déterminations (53,3 %), du génotype 2 dans 3 cas (6,7 %), du génotype du 3 dans 12 cas (26,7 %), et du génotype 4 dans 3 cas. L’évolution a divisé les patients en deux groupes.

Dans le groupe I, les patients (n = 12 ; 26,7 %) ont spontanément éliminé l’ARN du VHC en 27 mois en médiane (12,4-132,2 mois), dont 6/9 du génotype 3. Ces enfants étaient tous ARN- à 7 ans (sauf un à 11 ans) et demeuraient ARN- en moyenne 101 mois plus tard. En revanche, les anticorps sont restés positifs 10 fois sur 12.

Dans le groupe II (n = 33 ; 73,3 %),  les patients ont gardé une virémie positive (21/33 du génotype 1). Tous étaient asymptomatiques, 7 avaient une hépatomégalie modérée. Durant les deux premières années, l’alanine amino-transférase (ALAT) était élevée de façon isolée chez la majorité des sujets mais, en moyenne, plus souvent dans le groupe I que dans le II (à un an, respectivement 235 vs 105 U/L), et plus souvent aussi en cas de génotype 1. L’ALAT s’est normalisée chez tous les sujets du groupe I et chez 9 sujets sur 33 du groupe II. Sur 32 patients explorés par élastographie transitoire, une fibrose discrète a été observée dans 11 cas. Des auto-anticorps ont été détectés chez 24 sujets (53,3 %) dont 17 virémiques : anti-muscle lisse (AML 13 cas), AML et anti-nucléaires (5 cas) et anticorps anti-microsome foie/rein (2 cas). Une patiente a développé un diabète type I. Une cryoglobulinémie a été observée chez 15 sujets (33,3 %) infectés surtout par le génotype 1 : 2 avaient des taux de C4 bas et une protéinurie persistante.

En conclusion, une clairance spontanée est observée chez 27 % des sujets infectés. La résolution de l’infection est plus fréquente avec le génotype 3 et survient à l’âge préscolaire. L’infection chronique est habituellement asymptomatique à l’âge pédiatrique. Les auto-anticorps sont fréquents, généralement sans manifestations cliniques.

JJ Baudon

RÉFÉRENCES

Garazzino S et coll.: Natural history of vertically acquired HCV infection and associated autoimmune phenomena. Eur J Pediatr 2014 ; 173 : 1025-31.

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