Emergence de nouveaux variants du VHC : faut-il avoir peur ?

(Dr Sylvain Beorchia, Childs K, Davis C, Cannon M et coll. : Suboptimal SVR Rates in African Patients with Atypical Genotype 1 Subtypes: Implications for Global Elimination of Hepatitis C. J Hepatol. 2019; 71(6) : 1099-1105. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jhep.2019.07.025)

À l’ère des antiviraux à action directe (AAD) dirigés contre le virus de l’hépatite C (VHC), la majorité des personnes traitées pour une infection chronique à VHC sont quasiment « débarrassées » du virus, c’est-à-dire qu’elles obtiennent une réponse virale soutenue (RVS) dans plus de 90 % des cas d’infection par des virus de génotypes 1 à 7 et leurs sous types habituels. Les sous-types de VHC inhabituels en Europe sont, par contre, plus répandus en Afrique, mais on connaît mal leur sensibilité aux AAD. Ils incluent le génotype 1 non-1a/1b/non-sous-typable (G1) ou non 4a/4d (G4).

Des génotypes inhabituels chez des patients africains et moins de réponses virales soutenues

Sur 91 patients africains suivis entre 2010 et 2018 dans un hôpital londonien, 47 (52 %) étaient infectés par un sous-type inhabituel. Quatorze nouveaux sous-types, non encore désignés (G1*), ont été identifiés par séquençage de nouvelle génération. Trois malades étaient infectés par le même sous-type, désormais désigné sous-type 1p. Des séquences de référence étaient disponibles pour 22 patients ; 18/22 (82 %) avaient des substitutions de base associées à la résistance NS5A (appelées RAS). Une RVS globale a été obtenue pour 56/63 (89 %), mais seulement chez 21/28 (75 %) des patients avec des sous-types G1 inhabituels. Six échecs de traitement ont été constatés avec le sofosbuvir / ledipasvir et 1 échec avec un régime à base d’Inhibiteurs de protéases. Le taux de RVS pour tous les autres génotypes et sous-types était de 35/35 (100 %).

Cette étude originale concerne les génotypes/ sous-types de VHC et les taux de RVS observés chez des patients nés dans 18 pays africains différents et pris en charge dans un hôpital de Londres. L’analyse pour 91 malades a révélé que 52 % d’entre eux étaient infectés par un génotype du VHC et quatre sous-types rares aux États-Unis et en Europe occidentale ou non classés à ce jour. Plus inquiétant, les taux de RVS chez les porteurs de ces sous-types de génotypes du VHC « inhabituels » n’étaient que de 75 %. La recherche de mutations de résistance (RAS) par séquençage a révélé des substitutions de base associées à la résistance NS5A dans 82 % des clones séquencés et pour 100 % des cas où le traitement a échoué. D’autres publications récentes indiquent des taux de RVS autour de 50 % dans de petites cohortes américaines et européennes avec les génotypes 3b et 4r, pour lesquels des RAS NS5A ont été également identifiés.

Sachant la prévalence probablement élevée de ces variants dans certaines régions africaines et leur résistance aux AAD courants, il faudra déterminer les schémas thérapeutiques disponibles les plus efficaces contre ces sous-types contenant des RAS (bithérapie avec inhibiteurs de NS5A de 2ème ligne ou trithérapie avec anti-protéases de dernière génération).

L’élimination du virus en 2030 compromise ?

Pour résumer, la plupart des individus d’une cohorte non sélectionnée de patients africains étaient infectés par des génotypes inhabituels, y compris le nouveau sous-type 1p. Le taux de RVS de ceux ayant des sous-types G1 inhabituels était de 75 %, car ceux-ci possèdent une mutation de base aux inhibiteurs de NS5A de 1ère ligne. Selon le régime utilisé d’AAD, des taux d’échec plus élevés dans les cohortes africaines pourraient, à terme, compromettre l’élimination du VHC initialement envisagée pour 2030.


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